GEODYNAMICA cartographie le Col du Montgenèvre !

Photographie B. Urgelli, 2008
Secteur du massif du Chenaillet
observé le 23 février 2008 à 12h06,
depuis le hublot du vol Air France Venise-Lyon
(départ 11h00, arrivée 12h25)
Photographie B. Urgelli, 2008
Secteur du massif du Chenaillet
observé le 23 février 2008 à 12h06,
depuis le hublot du vol Air France Venise-Lyon
(départ 11h00, arrivée 12h25)

A noter les Rencontres scientifiques alpines du 4 au 6 juillet 2008 à Montgenèvre, organisées par le CBGA, en partenariat avec le Laboratoire de Géologie des Chaînes Alpines (Université Joseph Fourier de Grenoble).

voir aussi l'article : L'ophiolite du Chenaillet : trente ans de modèles et de controverses

En novembre 2006, Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Lyon, soulignait la caractère formateur et éducateur de l'utilisation des cartes et des photographies aériennes :


"Cartographier est probablement une des attitudes anthropologiquement les plus fondatrices de l'humanité. C'est sortir du réel pour trouver un modèle du réel, pour se retrouver dans le réel... La carte [...] donne une intelligibilité du relief dans ce qui pourrait paraître un chaos incompréhensible. Le travail cartographique est un travail d'extraction qui s'apparente à un passage à l'abstraction, à une modélisation, et qui aboutit à une symbolisation. On passe du « tout vu, rien compris » à l'intelligence de la complexité." "Cartographier sous toutes ces formes est probablement l'opération la plus formatrice dans le domaine de l'éducation scolaire".

C'est en partant de cette hypothèse que, sur le territoire français, au col du Montgenèvre, en partenarait avec les offices du tourisme de Montgenèvre, Claviere et Cesana, l'association GEODYNAMICA expérimente des écoles de terrain pluridisciplinaires, orientées vers l'éducation scientifique des élèves.

L'association italienne MERIDIANI et l'équipe de didactique de la géologie de l'INRP contribuent à la réflexion scientifique et didactique liée à cette expérimentation.


Les contacts avec des équipes scientifiques permettent d'alimenter la réflexion sur les contenus et les pratiques pédagogiques innovantes, dans un environnement local particulièrement riche en questionnements socio-scientifiques (histoire des temps géologiques, climatologie, histoire des relations homme-nature, développement humain et enjeux socio-économiques).


Sur le secteur du col de Montgenèvre, sur la période 2004-2007, l'association GEODYNAMICA a développé un projet pluridisciplinaire d'éducation des jeunes au fonctionnement des sciences et à la modélisation scientifique.

Préparation d'un visualisateur cartographique 3D sur la commune de Montgenèvre, en partenariat avec l'office du tourisme, l'entreprise Jokyo, la géologue Françoise Chalot-Prat, et François Tilquin, professeur de SVT au lycée Marie Curie d'Echirolles, en 2006 et 2007.


Exploration pédagogique du sentier géologique historique, exploité par le Centre Briançonnais de Géologie Alpine, en compagnie de son président et des membres de l'équipe de didactique de la géologie de l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), le 11 octobre 2004.


Exploration scientifique de l'ensemble de l'ophiolite franco-italienne, avec la géologue cartographe Françoise Chalot-Prat du CNRS de Nancy, auteure de la dernière carte géologique détaillée du massif (publication 2005), le 17 et 18 septembre 2005.

Définition de nouveaux sites d'intérêts scientifiques et pédagogiques remarquables.

Travail sur les controverses scientifiques comme objet d'éducation scientifique.


Evaluation par les enseignants de l'intérêt didactique des nouveaux sites proposés, dans le cadre de la préparation d'une école de terrain en première S.
Evaluation réalisée en partenariat avec l'équipe de didactique de la géologie de l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), la géologue Françoise Chalot-Prat et les enseignants du lycée de Trévoux (académie de Lyon) et du lycée de Villeuneuve (académie de Versailles), en août 2006.

C'est le lycée du Val de Saône de Trévoux (académie de Lyon) qui expérimentera la première école de terrain sur le site du Rocher de l'Aigle, à proximité du col de Souréou, en octobre 2006 (cartographie des contacts gabbros-péridotites, gabbros-basaltes mais surtout basaltes-péridotites).

L'originalité de cette école est de mettre les élèves en situation d'exploration active du site, avec support cartographique et GPS, sur le modèle proposé par le structuraliste Patrick Ledru du BRGM aux étudiants en sciences de la Terre de l'université de Lyon.

Réalisation pour la Mairie de Montgenèvre d'un document de synthèse sur les richesses environnementales de la commune, en collaboration avec l'association Arnica Montana, octobre 2006.

Télécharger l'article au format pdf...


Préparation d'une brochure d'aide à la préparation d'écoles de terrain pluridisciplinaires (SVT, SPC, HG, SES, EPS), en partenariat avec le Centre de Montagne de la ville de Saint Ouen, à Montgenèvre, au printemps 2007.

Télécharger la brochure au format pdf...








Comment repèrer les traces d'un glacier ?

Comment repérer ses limites d'extension ?

Référez vous pour ces questions à cette page

 

En août 2007, reconstitution des paysages glaciaires sur le secteur du Rocher de l'Aigle, avec la participation active de Claude Beaudevin, ingénieur (Centrale) et retraité, auteur du site Paysages glaciaires.

Le cirque du Rocher de l'Aigle (d'après Beaudevin, 2007) :
Compte tenu de son exposition nord et de l'altitude importante des sommets, ce versant du Rocher de l'Aigle a été occupé, à chaque glaciation, en tout cas au Würm et au Riss, par des glaciers de cirque. Au maximum de chaque glaciation, ceux-ci s'étendaient depuis le haut des pentes douces du fond de cirque (en dessous des pentes plus raides qui mènent aux sommets) jusqu'à rejoindre le glacier principal aux alentours de 2200 m. De tels glaciers de cirque laissent en général peu de traces de leur passage, si ce n'est, à grande échelle, la forme du cirque lui-même. Ici, cette forme est très typique.
Voir le site de Beaudevin à ce propos.

Les formes de dépôts sont rares en montagne et la carte géologique n'en
indique pas dans cette zone, ce qui ne prouve d'ailleurs rien, étant donné l'indifférence de certains géologues alpins pour les dépôts glaciaires. Quant aux formes d'érosion de petite taille, elles ne peuvent subsister très longtemps que dans les roches très compétentes, ce qui n'est pas le cas ici, les basaltes en coussins étant peu résistants à l'érosion. On ne peut donc espérer trouver que des formes de grande taille, pas dans le cirque lui-même mais sur ses limites.

C'est bien le cas ici, où il existe, à l'emplacement de la gare supérieure du télécabine des Chalmettes, un épaulement à 2200 m, ce qui donne une altitude de glacier de vallée à 2250 m environ. De l'autre côté du cirque, à l'emplacement de la borne frontière ZH figurant sur la carte IGN au 25.000e, un autre épaulement est identifiable aux alentours de 2031 m, avec probablement des sillons entre la côte 2031 et la borne frontière ZH (simple intuition car la carte au 25.000e ne permet pas d'en être sûr).

Quoiqu'il en soit, le sommet d'épaulement se situant à 2015 m environ, l'altitude du glacier devait être à 2065 m.

Le glacier de cirque du Chenaillet s'est installé à cet endroit parce qu'il y existait une forme de relief en creux qui se prêtait à l'accumulation de la neige. Cela a commencé par une combe à neige puis, au fil des glaciations, le creux s'est approfondi et a pu abriter un glacier important. La forme de relief en creux qui a été l'initiatrice du glacier peut être due à la tectonique ou à d'autres types d'érosion antérieurs aux glaciations, par exemple une érosion torrentielle.
Voir la description de ce type de formation.

Au final, la face ouest du Chenaillet présente un relief tout à fait caractéristique des pentes supérieures d'un cirque glaciaire. Elle a été, ainsi que les arêtes qui en partent, travaillée par les cycles gel-dégel propres à la haute montagne. Il ne s'agit nullement de formes glaciaires, mais d'un relief périglaciaire ; les glaciers ne sont jamais montés aussi haut. Ce type de relief est à rapprocher de celui des aiguilles de Chamonix (voir les travaux de Beaudevin sur la Vallée étroite).

Comment dater la présence du glacier du Rocher de l'Aigle ?
Pour des généralités, voyez cette page.

Le cirque glaciaire du Rocher de l'Aigle a été occupé au Würm et au Riss comme à chacune des glaciations précédentes un peu importantes mais dont il ne reste, bien entendu pas de traces.
Plaçons-nous au début du Würm. Un glacier de cirque apparaît dans les pentes supérieures du cirque. À ce moment, le glacier de la Clarée suit le lit de cette rivière jusqu'à Briançon et celui de la vallée Étroite s'écoule dans le lit du torrent de Rochemolle. Il n'y a pas de glace au Montgenévre. Le froid progresse. Le glacier de cirque descend de plus en plus bas, cependant que le niveau des glaciers de vallée s'élève. La glace s'écoule par-dessus le col et on arrive à la situation représentée sur la carte Beaudevin 2007.
À la décrue glaciaire, le glacier de cirque, doté d'une inertie plus faible que ceux de vallée, diminue plus vite que ceux-ci. Mais le Montgenévre n'est pas occupé par le glacier de vallée lui-même, mais par une diffluence en direction de l'Italie. Or, lorsqu'une glaciation prend fin, ce sont les diffluences qui disparaissent les premières; il s'agit en quelque sorte de surverses.
Est-ce le glacier de cirque qui a reculé le plus vite ou celui de la diffluence du Montgenévre qui s'est abaissé le premier ? Il ne n'est pas possible de le dire et il est donc très difficile voire impossible pour l'instant, de dater ces diverses phases. On peut donner que des ordres de grandeur : 20 000 ans pour le maximum du Würm, 15 000 pour la fin de la glace dans le Montgenévre, 10 000 ans pour un net recul des glaciers. Mais encore une fois, ce ne sont que des ordres de grandeur.

Cécile Miramont, maître de conférence à l'Université de Provence (Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie) a proposé une activité de réparage sur la carte IGN des traces de présence du glacier wurmien dans notre secteur d'étude. Il s'agira ensuite avec des élèves d'aller confirmer sur le terrain la présence de ces indices de présence glaciaire.

La cartographie ci-contre est donc une proposition à vérifier sur le terrain :
E
n rouge : le secteur du Chenaillet qui devait être émergé durant le Würm. Repérage probable grâce à la topographie et à la présence des lacs et tourbières d'origine glaciaire, au dessous de 2200 mètres d'altitude.
En vert : probables formes de moraines (mises en place au moment de la fonte) en avant de certains lacs et tourbières d'origine glaciaire
. Formes repérables sur la carte topographique IGN par les déformations des courbes de niveau. Elles font "un ventre" en aval des lacs.

«Adieu donc, ma sœur Durance,
Nous nous séparons sur ce mont :
Toi, tu vas ravager la France,
Je vais féconder le Piémont.»

Le réseau hydrographique actuel :
La Durance
n’est ici qu’un minuscule ruisseau, descendant des contreforts du Col de Montgenèvre, un des principaux passages humains à travers les Alpes. La source de cette rivière de la Provence se situe exactement sur le versant sud du col, au fond du vallon du Gondran, entre les deux sommets du Chenaillet (2650 m) et du Janus (2529 m).
De l’autre côté de la ligne de partage des eaux, il en va de même pour la Doire, mais celle-ci prend plus bas le nom de la rivière qu’elle rencontre, la Ripa, et devient la Doire Ripaire (en italien, Dora Riparia).



 

Préparation des rencontres GEOTOURISME de l'association MERIDIANI et inauguration du sentier géologique international du Collet Vert à la frontière entre la France et l'Italie, autour du projet "Les Monts nés de la Mer" (voir la version française et les parcours géologiques ici), le 23 septembre 2007 à Montgenèvre.

Télécharger la présentation des enjeux éducatifs du sentier international du Collet Vert, au format pdf...


Réalisation d'une école de terrain avec des élèves de première S du lycée Georges Pompidou (académie de Versailles) sur le thème modélisations et observations scientifiques
(23, 24 et 25 octobre 2007, Montgenèvre).




A partir de la mise en cohérence d'observations de terrain et de la réalisation de relevés cartographiques, co-construits avec les élèves, on tente d'élaborer un modèle de lithosphère océanique correspondant à l'ophiolite du Chenaillet.

Compte-rendu en cours de préparation avec l'enseignant pilote, Lionel Cauchi, professeur de SVT au lycée Georges Pompidou...

 

On confronte les observations avec celles réalisées lors de la campagne d'exploration scientifique FAMOUS (French American Mid Oceanic Undersea Study) en 1975 avec Xavier Le Pichon. Il s'agit d'une campagne d'exploration sous-marine franco-américaine d’une partie de la dorsale médio Atlantique, au large des Açores. Réalisée au cours des étés 1973 et 1974, à une profondeur de 3000 mètres, cette expédition a permis une cartographie précise au moyen de bathyscaphes.

Choix de séquences du film d'intéret pédagogique (durée totale : 33 mn)

  • 0 à 5’18 : présentation de l’expédition ;
  • 14’58 à 17’02 : comparaison des observations en surface et en profondeur ;
  • 20’31 à 23’40 : mécanisme de mise en place des pillows ;
  • 27’40 à 28’03 : conclusion.

Derniere modification : 27 juin, 2008
Benoit Urgelli - 2008

"Les arbres et les pierres t'enseigneront plus qu'aucun maître ne le fera..." Bernard de Cîteaux, XIIème siècle. Panneau gravé au Gîte de la Ferme Bonne à Saint-Christophe la Grotte.